Numbat (Myrmecobius fasciatus) ©Helenabella
Un marsupial étonnant
Autrefois largement répandu, il est l’un des deux seuls marsupiaux strictement diurne au Monde ! Facilement reconnaissable avec ses rayures blanches, le numbat (Myrmecobius fasciatus) est unique dans son genre. Du fait de son mode de vie, son acuité visuelle est la plus développée chez les marsupiaux. Sa longue langue lui permet d’attraper les 15 à 20 000 termites qu’il consomme quotidiennement. Occasionnellement il peut se nourrir de fourmis et d’autres insectes.
Autre fait singulier, il ne possède pas de poche ventrale contrairement à de nombreux marsupiaux. La femelle met au monde généralement 4 petits par an après une gestation très rapide de 14 jours. Ils restent accrochés pendant 6 mois à une touffe de poils et une tétine sous le ventre. La maturité sexuelle est atteinte entre 1 et 2 ans selon le sexe pour une espérance de vie d’environ 5 ans.
De nombreuses menaces
L’espèce se comportait très bien avant l’arrivée des européens au XVIIIème siècle. Les colons ne sont pas arrivés seuls, de nombreuses espèces ont été importées pour diverses raisons comme le dromadaire (Camelus dromedarius) et le lapin de Garenne (Oryctolagus cuniculus), mais aussi le chat domestique et le renard roux (Vulpes vulpes). Ces nouveaux prédateurs font très vite des ravages auprès de l’avifaune et de la microfaune. L’Australian Wildlife Conservancy évoque 316 millions d’oiseaux et 596 millions de reptiles tués par les chats chaque année en Australie.
D’autres menaces pèsent sur le numbat comme la destruction et la dégradation de son habitat le rendant plus vulnérable aux rapaces. L’isolement des populations fragilise la génétique de l’espèce et sa situation. Ces différents facteurs mènent à la disparition de l’une des deux sous-espèces, ainsi Myrmecobius fasciatus rufus s’éteint en 1960. Deux populations de la sous-espèce nominale (Myrmecobius fasciatus fasciatus) survivent dans la région de Perth et de la Nouvelle-Galles du Sud. Aujourd’hui la population ne dépasse pas les 1 000 individus. Difficile de parler de l’Australie sans évoquer les tragiques incendies entre 2019 et 2020. Au 1er Janvier il est estimé que 5,9 millions d’hectares ont été ravagés par les flammes. En tenant en compte le nombre d’animaux vivants dans ces zones, un spécialiste annonce que plus de 500 millions d’animaux auraient perdu la vie. Les numbats semblent avoir échappé au pire en Nouvelle-Galles du Sud où c’est surtout le sud-ouest qui a été touché. La population limitrophe à Perth pourrait avoir été davantage impactée.
Numbat (Myrmecobius fasciatus) ©Simon Forsyth
Une préservation in-situ
En 1994, un plan d’action est mené pour sauver le marsupial.
Différents objectifs sont établis :
gestion des populations et de leurs habitats
étude génétique
translocation pour établir de nouvelles populations
élevage en captivité (voir dernier paragraphe)
sensibilisation auprès du grand public
L’Australian Wildlife Conservancy (AWC) établit des zones de protection sans renards et chats. Les réserves sont clôturées, ceux qui arrivent à passer sont éliminés. Cette mesure de protection peut sembler cruelle,mais elle est largement bénéfique à la faune australienne, elle assure une protection aux oiseaux et marsupiaux dont le numbat. D’autres marsupiaux très menacés pour les mêmes raisons comme les bettongies (Bettongia sp) se retrouvent gagnants.
En 2006 le Project Numbat est créé pour développer les actions ciblées sur l’espèce. Les actions de sensibilisation continuent de promouvoir l’espèce et de lever des fonds en collaboration avec le Zoo de Perth, très impliqué pour le sauvetage de cette espèce.
De l’élevage à la réintroduction
Le Zoo de Perth détient des numbats depuis 1986, les premières reproductions ont lieu en 1993. Rapidement le Zoo fournit des individus dans le cadre de projet de réintroduction et de translocation. 244 numbats venant du Zoo ont ainsi été relâchés (chiffre de 2018). Ces actions sont en collaboration avec le plan d’action et l’Australian Wildlife Conservancy. L’aire de répartition s’élargit, des relâchés ont lieu dans 9 zones protégées où le numbat avait disparu. L’AWC a l’ambition d’établir une nouvelle population au Newhaven Wildlife Sanctuary. Selon eux, ce projet devrait permettre de doubler la population mondiale de numbats.
Ces réintroductions maintiennent sous perfusion l’espèce, les menaces persistent et selon l’UCIN, le nombre de numbats n’évolue pas de manière significative. Il s’agira de constater l’évolution sur le long terme.
Références :
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