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Photo du rédacteurThibaut Pilatte

La hyène brune, fantôme du désert


Hyène brune (Parahyaena brunnea)

Hyène brune (Parahyaena brunnea) ©Brown Hyena Research Project



Endémique du Sud de l’Afrique


La hyène brune (Parahyaena brunnea) vit au Sud de l’Afrique, de l’Angola à la Zambie jusqu’à l’Afrique du Sud. Les estimations restent très approximatives. Le Bostwana est le pays avec la plus grosse population, entre 2 800 et 5 200 hyènes brunes, 500 à 2 400 pour la Namibie et environ 1 000 pour l’Afrique du Sud. Le continent africain totaliserait entre 5 000 et  8 000 hyènes. Ces données sont trompeuses puisqu’il n’y a pas d’estimation en Angola, au Zimbabwe, au Mozambique, au Lesotho et au Swaziland. Son aire de répartition a diminué depuis le 18 ème siècle et les populations ont baissé d’environ 10% sur les 3 dernières générations (24 ans). 



Taxonomie et évolution


La hyène brune est l’une des 4 espèces de la famille des hyénidés avec la hyène tachetée (Crocuta crocuta), la hyène rayée (hyaena hyaena) et le protèle (Proteles cristatus) (nous avions déjà écrit un article sur cette espèce ici). Souvent confondu avec les canidés, les hyénidés sont à part, les pattes sont plus courtes, elles sont trapues avec une mâchoire large et puissante (sauf le protèle). 

La hyène brune est plus proche de la hyène tachetée avec qui elle aurait divergé il y a 4,2 millions d’années. Des fossiles des 3 espèces de hyènes ont été retrouvés en Europe. Un crâne de hyène brune a été découvert en Espagne. Il date de 1,1 à 1,3 millions d’années. Les hyènes ont colonisé l’Europe depuis l’Afrique avant de disparaître il y a plusieurs millénaires. La diversité génétique de la hyène brune est faible sans qu’il y ait de consanguinité observée. Cela proviendrait d’un déclin amorcé il y a environ 1 million d’années. 

On reconnaît la hyène brune facilement par son long pelage hirsute brun foncé à noir. Il est plus clair sur les épaules. Les poils peuvent atteindre jusqu’à 30 cm de long. Ses oreilles sont plus grandes et plus pointues que les autres espèces. 


Hyène brune (Parahyaena brunnea)

Hyène brune (Parahyaena brunnea) à la recherche de carcasses à proximité d’une colonie d’otaries ©Brown Hyena Research Project



Une adaptation parfaite à son milieu


La hyène brune vit dans les zones sèches. Les semi-déserts et les savanes boisées ouvertes. Elle occupe le long des côtes notamment en Namibie. C’est une espèce qui s’adapte facilement à la présence humaine. Elle peut vivre à proximité des habitations. Principalement nocturne, la hyène brune a besoin de couvert pour se reposer la journée à l’abri de la chaleur. Elle est capable de vivre dans des zones très arides. Elle récupère de l’eau en consommant des fruits. Elle joue un rôle important en dispersant les graines. Elle a également un rôle de nettoyeur puisqu’elle est principalement charognarde et se nourrit de carcasses qui composent jusqu’à 95% de son régime alimentaire. Elle l’est davantage que sa cousine, la hyène tachetée. Elle se nourrit principalement de grands vertébrés. Elle dépend de la présence de grands prédateurs. 

En Namibie, certaines hyènes s’attaquent à des jeunes otaries à fourrures du Cap (Arctocephalus pusillus)



Une vie grégaire ou solitaire


Chez la hyène brune, le dimorphisme sexuel est peu marqué. La femelle est légèrement plus grosse que le mâle. La hyène brune peut vivre en clans, composés de 5 à 15 hyènes qui peuvent se séparer pour trouver à manger. Elles utilisent des latrines à différents endroits pour marquer leur territoire et communiquer avec d’autres clans. Les territoires font en moyenne 300km2. La présence de mâles solitaires est tolérée pendant la période de reproduction. ⅓ des mâles sont nomades. Les accouplements ont lieu pendant la saison sèche, entre mai et août après une parade nuptiale de plusieurs nuits. La femelle met au monde 2 à 3 petits en moyenne. La hyène brune utilise la reproduction coopérative. L’élevage des jeunes est pris en charge par d’autres membres du clan. Le lion et la hyène tachetée peuvent être des prédateurs même pour les adultes même si les rencontres sont rares. 

Hyène brune (Parahyaena brunnea)

Hyène brune (Parahyaena brunnea) avec une carcasse de chiot ©Brown Hyena Research Project



Une mauvaise image


Les attaques de la hyène brune sur le bétail sont peu nombreuses. Toutefois, elle souffre d’une mauvaise réputation. Elles sont empoisonnées ou chassées avec des chiens notamment pour être utilisées en médecine traditionnelle. En Namibie, 72% des éleveurs considèrent la hyène brune comme responsable des pertes du bétail. Elle est parfois victime des collets à destination d'autres prédateurs. Pourtant, la hyène brune est bénéfique pour les élevages en consommant les carcasses et évitant ainsi la propagation des maladies. Elle est souvent présente dans les zones d’élevage. 



Le tourisme, une solution pour cohabiter ? 


Le programme Brown Hyena Research Project (BHSP) a été créé en 1997. Une association namibienne a été développée pour étudier et protéger la hyène brune et les autres carnivores liés en Namibie. Il y aurait entre 800 et 1 200 hyènes dans cette zone. C’est le seul prédateur du désert du Namib. Les colonies d’otaries sont nombreuses dans le Sud-Ouest de la Namibie et de ce fait beaucoup de hyènes brunes vivent en périphéries de ces colonies à la recherche des chiots. Les observations de ce hyénidé sont nombreuses et pourraient permettre un développement du tourisme en mettant en lumière cette espèce. Le programme étudie cette faisabilité tout en limitant l’impact sur la faune locale. 

En captivité c’est une espèce rare, une trentaine de hyènes brunes sont réparties dans le monde sans qu’un programme d'élevage soit mis en place. 



Un grand merci au Brown Hyena Research Project pour l’utilisation des photos.



Références:










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