Le gecko nain de William (Lygodactylus williamsi) est un petit reptile endémique des forêts tropicales de plaine de Tanzanie. Diurne et territorial, il trouve refuge au sein des Pandanus rabaiensis, une plante tropicale très répandue.
Il existe un dimorphisme sexuel entre le mâle, qui est bleu électrique, et la femelle qui est de couleur bronze verdâtre. Insectivore, il se nourrit de fourmis et d’invertébrés. De petits groupes composés de femelles et de juvéniles sont dirigés par un mâle dominant.
Victime de trafic, l’espèce est aujourd’hui classée “en danger critique d’extinction” par l’UICN et son habitat se fragilise de plus en plus. En 2009, 150000 geckos sont comptabilisés soit ⅓ de moins depuis 2004.
Gecko nain de William (Lygodactylus williamsi) mâle ©To.wi
Un gecko au coeur du trafic
Le prélèvement du gecko nain de William commence au début des années 2000. La couleur du mâle attire les collectionneurs du monde entier. Les individus sont principalement destinés aux marchés européens et américains. Le taux de mortalité durant le transport est très élevé. Pour recueillir les geckos, les trafiquants coupent les Pandanus rabaiensis. Une part de l’habitat est donc détruit pour le prélèvement illégal de ces reptiles, la Tanzanie n’ayant pourtant jamais autorisé ces pratiques. On estime que 32 000 à 42 000 geckos auraient été collectés entre 2004 et 2009, soit environ 15% de la population totale.
Avec la mode des Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC), le marché est juteux et la demande reste élevée. Des élevages se créent mais les geckos peuvent perdre leurs couleurs à cause des conditions de leur captivité, et les femelles sont moins recherchées.
Le prélèvement coûte également moins cher que l’élevage en captivité. La Société Herpétologique de France, à travers une lettre ouverte, dénonce ainsi ces pratiques et appelle à fonctionner en circuit fermé avec uniquement des individus nés en captivité.
Des mesures internationales
L’espèce est alors inscrite à l’Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Le commerce international est donc interdit sauf à des fins non commerciales. Désormais, les individus doivent provenir de la captivité et être délivrés avec un certificat. En France, il faut même être capacitaire et avoir une autorisation pour en détenir.
Malheureusement, le Gecko nain de William n’est pas un cas à part. Il existe encore des dizaines d’espèces de reptiles prélevées de la même manière en milieu naturel à destination des marchés européens et américains.
Une plante du genre Pandanus semblable à celle où vit le gecko nain de William.
Un habitat fragilisé
La population principale occuperait une aire 20km2 dans les forêts protégées de Kimboza et de Ruvu à l’Est de la Tanzanie. Régulièrement, malgré le statut de protection des réserves, des abattages illégaux ont lieu. Selon Charles Meshark, directeur exécutif du Groupe pour la conservation des forêts de la Tanzanie, plus de 40% de la forêt a disparu entre 2000 et 2011 dans la réserve de la forêt de Ruvu Sud.
Les menaces principales du gecko nain de William sont la déforestation, les feux de brousse et l’extraction du minerai. Il n'existe pas de mesure de conservation dédiée à l‘espèce. L’aire de répartition très réduite et la dépendance au Pandanus rabaiensis rend la survie de l’espèce incertaine.
Références :
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