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Photo du rédacteurThibaut Pilatte

Le mangabey à ventre doré, menacé et chassé pour sa viande


mangabey à ventre doré (Cercocebus chrysogaster)

Mâle mangabey à ventre doré (Cercocebus chrysogaster) en captivité ©Kelly Renard



Le mangabey à ventre doré (Cercocebus chrysogaster) est un primate d'Afrique endémique de la République démocratique du Congo. Sociable et peu connu, son aire de répartition continue de se réduire. Les persécutions humaines et la chasse pour la viande de brousse sont les menaces principales qui conduisent cette espèce au bord de l’extinction. Les mesures de conservation sont inexistantes ; la situation très instable du pays et la pauvreté les rendent très difficiles à mettre en place.



Une espèce sociable


Chez les mangabeys à ventre doré, il existe un dimorphisme sexuel. Les mâles sont plus gros, entre 6 et 14 kg contre 4 à 8 kg pour les femelles. Les mâles ont une coloration des poils beaucoup plus claire sur le ventre. Ce sont eux qui ont la charge de surveiller le groupe et de donner l’alarme. Ce dernier peut atteindre plus de 100 individus mais comporte en général 10 à 20 mangabeys. Les femelles protègent les petits et peuvent être très agressives en cas de danger pour leurs progénitures. Le groupe reste soudé et est nomade. Les mâles vocalisent pour prévenir les bandes rivales et éviter ainsi les conflits.

Cercocebus chrysogaster est diurne, il se nourrit d’insectes, de fruits, de graines et de nectar. Il a la particularité de pouvoir stocker de la nourriture dans sa joue pour la partager. Elle a un rôle très important dans les relations sociales avec les autres membres du groupe.


mangabey à ventre doré (Cercocebus chrysogaster)

Femelle mangabey à ventre doré (Cercocebus chrysogaster) en captivité ©Kelly Renard



Un primate mal connu


Le mangabey à ventre doré a toujours été peu étudié. Peu d’observations ont été rapportées et la plupart des informations proviennent d’individus captifs ou des autres primates du même genre, soit Cercocebus. En 1996, le plan d’action pour les primates d’Afrique préconisait d’étudier en priorité le mangabey à ventre doré. Longtemps, il a été classé comme sous-espèce du mangabey agile (Cercocebus agilis). Bien que certains auteurs ne soient toujours pas d’accord, Cercocebus chrysogaster forme depuis 2001 une espèce à part entière. Les informations sur ce primate restent toutefois limitées, il n’existe actuellement aucune estimation de la population bien que celle-ci soit en baisse. Le mangabey à ventre doré, pourtant menacé, était inscrit sous le statut “donnés insuffisantes” sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). C’est seulement en 2020 que l’organisme le classe “En danger”.



Aire de répartition du mangabey à ventre doré ©capture d’écran UICN



Une aire de répartition limitée et qui se réduit


Le mangabey à ventre doré est endémique de la République démocratique du Congo. Il existe seulement 2 populations qui sont allopatriques. C'est-à-dire qu’il n’y a aucun échange entre elles. 300 km2 les séparent. Il semblerait selon les scientifiques que la population de l’Ouest soit plus colorée.

Cercocebus chrysogaster vit principalement dans les forêts humides primaires bien qu’il soit capable de s’aventurer dans les forêts secondaires. Certaines observations rapportent également qu’il pourrait nager et vivrait près des marécages.

L’aire de répartition est bien plus restreinte que celle des autres cercopithécidés du Congo et se réduit drastiquement. Entre 1999 et 2009, l’espèce aurait perdu 32% de son territoire. La raison principale est la modification et la perte de son habitat. Le mangabey à ventre doré ne vit dans aucune aire protégée mais principalement sur des concessions d’exploitation forestières.



La problématique de la viande de brousse et du trafic illégal


La viande de brousse est la consommation d’animaux sauvages tels que les antilopes, les primates, les chauves-souris ou les pangolins. C’est une pratique courante en Afrique, surtout au Congo où il y a une grande pauvreté et une instabilité politique. On estime que 5 à 6 millions de tonnes de viande de brousse sont consommées chaque année en Afrique centrale. Les chauves-souris sont des espèces réservoirs, elles sont porteuses saines de virus comme Ebola. Pourtant, chaque année, elles se retrouvent sur les étalages des marchés d’Afrique centrale. La viande de brousse est un problème sanitaire, économique et écologique.

Et le mangabey à ventre doré dans tout ça ? La viande de brousse est la première menace pour l’espèce. Très prisée, la population de l’Ouest représente 30 à 70% de la viande de brousse sur les marchés et 10% pour la population de l'Est. Les chasseurs affirment même que le primate se fait de plus en plus rare.

Certains mangabeys sont capturés pour être vendus comme animaux de compagnie. Plusieurs individus sont ainsi en vente à Kinshasa. C’est un fait de plus en plus rare, preuve que la population est en déclin. L’espèce est inscrite à l’Annexe II de la Convention de Washington (CITES). Le commerce est donc contrôlé, mais pas prohibé.


mangabey à ventre doré (Cercocebus chrysogaster)

Femelle mangabey à ventre doré (Cercocebus chrysogaster) en captivité ©Florence Médard



Des mesures de conservation in-situ et ex-situ inexistantes


Pour le moment, il n’existe pas de mesures de conservation in-situ, c'est-à-dire dans le milieu naturel du mangabey à ventre doré. Il devient urgent de sanctuariser son habitat et de continuer à sensibiliser sur les problématiques de la viande de brousse.

La conservation ex-situ, c'est-à-dire en captivité est loin d’être une réussite. La population dans les zoos stagne. Dans le monde, on compte seulement 23 individus dont 21 en Europe ! Il n’y a pas eu de naissances dernièrement. Légitimement, on peut se demander si les institutions favorisent d’autres espèces de mangabeys plus représentées et dont l’élevage est plus important.



Références :



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