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Photo du rédacteurThibaut Pilatte

Le putois à pieds noirs, à la reconquête de son territoire

Le putois à pieds noirs (Mustela nigripes) est un mustélidé d’Amérique du Nord et Centrale. L’espèce a décliné rapidement au cours du 20ème siècle et a été considérée comme éteinte dans son milieu naturel à la fin des années 80. Un programme de reproduction et de réintroduction sauvera l’espèce. Toutefois, la bataille est loin d’être gagnée, la faute à une épidémie de peste.


Putois à pieds noirs (Mustela nigripes)

Putois à pieds noirs (Mustela nigripes) ©James N. Stuart



Un environnement de moins en moins propice


Le putois à pieds noirs occupait une vaste aire de répartition. On le retrouvait à l’origine dans les plaines, du Mexique au Canada. Son destin est étroitement lié avec celui du chien de prairie (Cynomys), ce dernier représente 90% de son alimentation ! La baisse des populations de chiens de prairie et la transformation de son habitat en terres agricoles ont rapidement menacé l’espèce. Elle s’éteint au Canada en 1937 et son aire de répartition se réduit très vite. En 1981, une dernière population est découverte dans le Wyoming. Très vite, les scientifiques se rendent compte qu’elle est vouée à l’extinction et le Wyoming Game and Fish Department capture les 18 derniers putois en 1986 dans l'espoir de lancer un programme de reproduction en captivité. L’espèce est alors considérée comme éteinte dans son milieu naturel.


Putois à pieds noirs (Mustela nigripes)

Putois à pieds noirs (Mustela nigripes) ©Tory Mathis



Elevage et réintroduction


L’élevage débute alors avec ces 18 putois. De nombreuses organisations participent au développement du Black Footed Ferret Recovery Program. L’opération semble être un succès. Les premières réintroductions débutent à partir de 1991 dans de nombreux états (Wyoming, Arizona, Montana…). Des actions de conservation pour maintenir les populations de chiens de prairie bénéficient rapidement au putois à pieds noirs. En 2007, la population sauvage est estimée à 600 individus et l’UICN reclasse l'espèce “en danger”. Toutefois, les résultats stagnent. L’objectif d’avoir 1500 individus répartis en 10 populations autonomes se solde par un échec. En 2015, la population sauvage est estimée à 500 putois mais seulement 300 en 2020 ! Il faut savoir que les populations sont maintenues artificiellement par des relâchés : soit 4 000 depuis 1991 !


Le taux de mortalité est très élevé, notamment à cause de la prédation des coyotes (Canis latrans) et des grands ducs d’Amérique (Bubo virginianus). La consanguinité de la population fondatrice (seulement 18 individus) a déclenché un dysfonctionnement du système immunitaire et une réduction de la capacité de reproduction.

L’espèce reste donc très fragile et la courbe de population ne pousse pas à l'optimisme.



Un ennemi invisible : la peste


Une autre menace importante plane autour du putois à pieds noirs. La peste sylvatique (Yersinia pestis), une bactérie transmise par les puces, ravage les populations de chiens de prairie et de putois à pieds noirs. Le putois à pieds noirs étant un prédateur nocturne et souterrain, les observations et les études de cette épidémie sont rendues difficiles. Les scientifiques ont ainsi des difficultés à comprendre son évolution. En 2016, l’U.S. Fish and Wildlife Service lance un programme de vaccination des chiens de prairie dans le Montana par voie orale. Le vaccin est alors aromatisé pour attirer l’animal. Les putois à pieds noirs sont également vaccinés à la main. La société Revive and Restore étudie même la possibilité de modifier génétiquement le putois à pieds noirs pour le rendre résistant à la peste. Une proposition qui sera à coup sûr très débattue d’un point de vue éthique. L’avenir du putois à pieds noirs reste instable, son rôle dans la chaîne alimentaire étant très important, c’est tout un écosystème qui serait déséquilibré en cas de disparition.



Références :


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