Oryx d’Arabie (Oryx leucoryx) ©Tobias Verfuss
Un environnement extrême
L’oryx d’Arabie (Oryx leucoryx) est un ongulé autrefois présent dans la majeure partie de la péninsule arabique. Il était souvent décrit dans les représentations rupestres. Il a une haute valeur culturelle. Son habitat se compose de steppes arides, de plaines et de dunes de dunes. Il préfère les milieux ouverts que les terrains escarpés. Les précipitations et le taux d’humidité sont faibles. L’oryx s’est adapté au fur et à mesure de l’évolution à ces conditions de l’extrême. En cas de sécheresse et de manque de points d’eau, l’oryx d’Arabie récupère le liquide issu des melons ou de bulbes d’arbustes pour y récupérer de l’eau. Il peut ainsi tenir jusqu’à 11 mois sans boire directement de l’eau. Pour supporter les fortes températures, il peut élever sa température corporelle pour atteindre jusqu’à 45 degrés et la faire baisser jusqu’à 36 degrés en cas de nuits fraîches. La couleur claire de son pelage permet de refléter le soleil.
Description et mode de vie
La couleur du pelage varie du blanc crème, au gris ou brun. Les 2 sexes présentent des cornes allant de 60 à 150 cm de long. Les mâles possèdent une touffe de poil au niveau de la gorge. Il n’existe pas de période de reproduction. La femelle met au monde 1 seul petit à n’importe quel moment dans l’année. L’oryx d’Arabie est un animal grégaire qui vit en troupeau d’une dizaine d’individus mais des troupeaux de plus de 100 oryx ont déjà été observés.
Oryx d’Arabie (Oryx leucoryx) ©Martha de Jong-Lantink
Une extinction progressive
Les populations d’oryx d’Arabie ont progressivement diminué depuis le début du XXème siècle du fait de la chasse. En 1920, 2 zones d’occupation, celles du Nord et du Sud étaient séparées de plus de 1000 km. La population du Nord s’éteint dans les années 1950. Les derniers oryx sauvages sont abattus à Oman dans le Jiddat al-Harasi en 1972.
Réintroduction d’oryx d’Arabie (Oryx leucoryx)
La réussite des actions de conservation
Fort heureusement pour l’espèce, en 1950 des oryx sont capturés pour constituer des élevages conservatoires. En 1962, certains sont exportés vers les Etats-Unis. De nombreux élevages voient le jour principalement dans la péninsule arabique et la population captive croît rapidement. Aujourd’hui, 6 000 à 7 000 oryx d’Arabie sont présents en captivité. Ces élevages permettent rapidement de réintroduire des oryx dans plusieurs pays. Oman en 1982, Arabie Saoudite en 1990, Israël en 1997, Emirats Arabes-Unis en 2007, Jordanie en 2014. Il a été introduit sur l’île de Hawar à Bahreïn. La réintroduction est désormais envisagée en Irak, au Koweït et en Syrie. Une stratégie régionale de conservation pour l’oryx d’Arabie a été créée en 2007. Il existe également des troupeaux semi-captifs au Qatar, aux Emirats Arabes-Unis et en Arabie Saoudite.
Des actions de sensibilisation sont mises en place notamment en Arabie Saoudite. La Commission pour AlUla (RCU) a réhabilité 1 580 animaux en 2019 comme l’oryx d’Arabie, gazelle des sables (Gazella leptoceros), gazelle d’Arabie (Gazella arabica) et bouquetins de Nubie (Capra nubiana) au sein de la réserve d’AlUla.
Aujourd’hui, les estimations font état de 1 220 oryx sauvages dont 850 matures c'est-à-dire en âge de se reproduire. L’espèce est classée Vulnérable sur la liste rouge de l’UICN.
Des études génétiques ont révélé que les troupeaux sauvages ont une variabilité génétique normale. Cette diversité génétique est importante pour la survie de l’espèce sur le long-terme. Nous avions déjà écrit un article sur les raisons de réintroduire une espèce ou non ici.
Des difficultés rencontrées
Malgré la réussite de ces réintroductions, la situation semble localement parfois fragile. En Arabie Saoudite, la population a baissé entre 1998 et 2008 du fait d’une longue sécheresse. Au moins 560 oryx sont morts dans une réserve clôturée. Il y a régulièrement des cas de braconnages. Les crânes sont vendus à des collectionneurs privés. En 3 ans, 200 oryx ont été tués dans un sanctuaire à Oman. La chasse illégale, le surpâturage et les longues sécheresse sont les principales menaces.
Oman a décidé de réduire de 90% la superficie de la réserve Al-Wusta. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1994, elle est ratifiée suite à cette décision. Une première ! L’oryx d’Arabie avait été réhabilité dans cette région quelques années auparavant.
Références :
Serge Yan, Landau & Isler, Ido & Dvash, Levana & Shalmon, Benny & Arnon, Amir & Saltz, David. (2021). Estimating the Suitability for the Reintroduced Arabian Oryx (Oryx leucoryx, Pallas 1777) of Two Desert Environments by NIRS-Aided Fecal Chemistry. Remote Sensing. 13. 1876. 10.3390/rs13101876.
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