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Tristan Gaultier

Une population croissante aux séquelles inquiétantes : Le « bottleneck » du tigre du l’Amour


tigre de Sibérie (Panthera tigris altaica)

Un tigre de Sibérie (Panthera tigris altaica) filmé par un piège photographique de Notre planète - patrouille sur une crête de montagne dans la chaîne de Sikhote-Alin en Extrême-Orient russe.

Une population en hausse

Le tigre de l’amour (Panthera tigris altaica) plus communément appelé le tigre de Sibérie est le plus grand félin sauvage vivant sur notre planète. Retranché dans les bassins des fleuves Amour et Oussouri, dans l’extrême Orient russe, en Chine septentrionale et en Corée il a échappé à l’extinction dans la première moitié du 20ème siècle avec une trentaine d’individus tout au plus. Fort heureusement des programmes de conservation se sont mis en place afin de faire remonter leur nombre à l’état sauvage à plus de 400 individus.

Ces chiffres qui sont à première vue une très bonne nouvelle pour l’espèce qui échappe donc à l’extinction, cache en réalité une bien triste nouvelle. La population effective de cette espèce ne serait que de 14 individus, le reflet d’une diversité génétique extrêmement faible.

En effet, en 1940 sa population ayant atteint la taille minime de 30 individus, la diversité génétique de l’espèce s’est vue très fortement réduite. N’ayant plus beaucoup d’individus pour se reproduire et brasser le matériel génétique on créer un « goulet d’étranglement génétique » du mot anglais « bottleneck ». Ceci signifie que les 400 tigres sauvages actuellement présent sur Terre proviennent de cette population souche augmentant fortement la consanguinité dans une population en réduisant le nombre possible de partenaires.



Les menaces de cette faible diversité génétique

Le brassage génétique est primordiale à une population pour s’adapter à de nouvelles contraintes (maladies, environnement, etc.) c’est ce que l’on appelle la sélection naturelle. Malheureusement lorsque la population effective est restreinte la variabilité génétique est faible et les chances de voir les allèles nocifs s’effacer au profit d’allèles utiles se voient réduites.

Outre la réduction de ses capacités d’adaptation, un « bottleneck » peut parfois entraîner des problèmes plus directs comme chez son cousin le guépard par exemple avec des problèmes de reproductions dû à la qualité médiocre des spermatozoïdes, une forte mortalité infantile. La queue torsadé de cette espèce commune à tous les individus la composant est le reflet d’une réduction extrême de la diversité génétique.

Chez le tigre de l’amour, à ce jour, aucune étude ne montre de conséquences physique chez ce super-prédateur. L’augmentation de sa population dans un environnement changeant malgré les efforts faits montre qu’il est possible d’espérer voir encore quelques temps cette espèce se développer et survivre.

Mais attention à ce que la croissance de sa population ne vienne pas masquer la problématique de sa faible population effective. La population captive constitue source non négligeable de variabilité génétique ce qui pourrait entraîner dans les années à suivre une multiplication des programmes de réintroduction.


Références :

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